PAR ELSA FAYNER / JUILLET 2020 / SANTÉ & TRAVAIL
Dès mi-mars, de nombreux salariés ont expérimenté le travail à domicile. Avec des ressentis contrastés selon différentes enquêtes. Si certains y ont trouvé leur compte, d’autres ont subi surcharge de travail, stress et douleurs physiques. Décryptage.
Valentine a calé un dictionnaire sous ses pieds et Julien a choisi une chaise en plastique pour remplacer son fauteuil ergonomique laissé au bureau. Pendant le confinement, deux petites tables ont transformé le salon de ce couple de comptables en open space. Julien pensait que la surcharge de travail durerait deux ou trois semaines, mais cela a continué et le trentenaire a envisagé mi-avril de démissionner. Aujourd’hui, il a retrouvé son siège au bureau. Il attend une prime, « quelque chose qui reconnaisse qu’on a su s’adapter, et cravacher ». Pendant la crise, environ un quart des salariés a pratiqué le télétravail ou plutôt le « travail à distance », afin de le distinguer du premier, plus anticipé et encadré.
Et toutes les enquêtes menées pendant le confinement s’accordent sur un point : le télétravail – ou “travail à distance” pour le distinguer d’un mode plus anticipé et encadré -, a été pratiqué surtout par des cadres, dans le secteur privé et les grandes entreprises, comme l’établit l’enquête CFDT/Kantar. Près des trois quarts des télétravailleurs interrogés par l’Ugict-CGT font également partie des cadres et professions intermédiaires. Au-delà de ce constat commun, les résultats divergent.
Plus de 80 % des cadres interrogés par la CFDT se sont déclarés “largement satisfaits de leurs nouvelles conditions de travail”. Les trois quarts des travailleurs questionnés par le cabinet Sécafi ont déclaré eux aussi vivre le télétravail “plutôt bien ou très bien”. Seule l’Ugict relève avant tout l’aspect “dégradé” du télétravail confiné. “Nous sommes très inquiets. Les travailleurs sont très fatigués après le confinement et nous craignons des burn-out en chaîne,” s’alarme même Marie-José Kotlicki, co-secrétaire générale. Il faut dire que les situations sont extrêmement variées, qu’on soit manager, du secteur privé, avec enfants, ancienneté, équipement, expérience du télétravail ou non.